Chaire de recherche du Canada en Musique et politique

En partenariat avec l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM) de la Faculté de musique de l’UdeM, le CCÉAE est l’hôte, depuis 2020, de la Chaire de recherche du Canada en Musique et politique. La titulaire, Marie-Hélène Benoit-Otis, est professeure agrégée en musicologie, chercheure membre et diplômée du CCÉAE.

Descriptif

De l’Antiquité à aujourd’hui, la musique a souvent été utilisée à des fins politiques. Les fonctions qu’elle est appelée à remplir au sein de l’État sont multiples, et varient grandement en fonction du contexte : une œuvre musicale peut par exemple être mise au service d’un discours de propagande émanant des autorités, ou au contraire devenir le cri de ralliement d’un mouvement de protestation ou de résistance. Éminemment multivalent, l’engagement politique porté par la musique est d’autant plus puissant qu’il ne nécessite pas le support des mots.

Comment le discours musical s’articule-t-il au discours politique? Et plus généralement, quel(s) rôle(s) la musique et les musicien.ne.s jouent-ils (et elles) dans la vie politique d’une société, y compris celle d’aujourd’hui? Ces questions sont au cœur des travaux de Marie-Hélène Benoit-Otis, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en Musique et politique.

À travers un grand nombre d’études de cas, madame Benoit-Otis et son équipe cherchent à cerner les mécanismes par lesquels la pratique musicale sous toutes ses formes peut devenir le vecteur de discours et d’actions politiques très divers. Ultimement, son programme de recherche vise à dégager une typologie des différents rôles politiques que la musique et les musicien.ne.s peuvent jouer dans la Cité, en portant une attention particulière aux sociétés actuelles. Mieux comprendre les liens entre musique et politique, c’est en effet développer des outils qui permettent d’analyser efficacement les aspects les plus subtils — car non verbalisés — du discours politique qui nous entoure.

Projets principaux

1) Mozart dans la propagande musicale nazie
Ce projet vise à explorer un aspect méconnu de la propagande culturelle nazie : l’instrumentalisation de Mozart dans la propagande menée sur le territoire de l’Autriche annexée, de l’Anschluss (1938) à la fin de la Deuxième Guerre mondiale (1945). En plus de brosser une première vue d’ensemble des événements Mozart présentés en Autriche de 1938 à 1945, ce projet vise à livrer une analyse approfondie des discours de propagande sous-jacents à ces événements, resitués dans le contexte des tensions politiques entre le Reich central et ses représentants postés en Autriche. 

2) La musique au service du pouvoir
Ce projet de recherche poursuit deux objectifs étroitement reliés. Il s’agit, d’une part, de mettre en lumière les récupérations politiques variables — et parfois même diamétralement opposées — dont peut faire l’objet un même répertoire musical en fonction d’un contexte socio-politique changeant, par le biais d’une étude de cas visant à montrer comment l’image et la musique des grands compositeurs du canon musical savant (Bach, Mozart, Beethoven, Brahms, Liszt, Wagner, etc.) ont été récupérées à des fins politiques pendant le Troisième Reich et les années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale. D’autre part et dans une optique plus large, ce projet vise à (re)penser la distinction entre propagande musicale et diplomatie musicale, deux catégories qui sont généralement utilisées sans définition claire, et parfois même de façon interchangeable.